Je me sens si seul ce soir,
tu es là pourtant, dans mon lit, dans ma nuit.
Je ferais mieux de me coucher contre ton corps

au lieu de rester là, à fumer encore et encore.
Mais tu sais pour moi,
il y a des choses simples qui ne le sont pas...
Et c'est toujours quand tu dors
que j'ai envie de te parler.
C'est toujours quand tu dors
que moi je dors pas.
Comme un lamantin qui se lamente
dans les eaux troubles du manque,
j'ai la mort aux trousses qui me fout les foies,
qui me hante, qui me tente, qui me vante son antre
et combattant immobile,
j'écoute bouillir mon sang, ma bile et battre à mes tempes
le décompte du temps
Et c'est toujours quand tu dors
que j'ai envie de te parler
et c'est toujours quand tu dors
que je veux pas crever.
Et la nuit s'éternise
et moi je penche comme la tour de Pise,
fatigué sur un dernier dessin,
encore un qui raconte que je me sens pas bien.
Alors j'ai sommeil mais je veux pas dormir,
alors je veille je sais qu'un jour tu vas partir.
Parce que c'est toujours quand tu dors
que j'ai envie de te parler,
c'est toujours quand tu dors que moi je dors pas
et le bleu du petit matin me délivre enfin
et je fume mon dernier joint et c'est déjà demain...

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