Qu'on se sature
De couleurs et de pleurs
Qu'on se douche
De nos douleurs
Puis qu'on s'éponge
Qu'on se sèche avec nos bouches
Avec nos songes
Qu'on fasse craquer nos ossatures
Et sauter point par point
Nos agrafes, nos sutures
Qu'on se sature
De mots inusités
De gestes inadéquats
De nos yeux qui nettoient
Les pensées crucifiées
Par la pensée des autres
Ces désirs ordinaires
Qui parfois prennent l'air
D'être les nôtres
Par peur de démesure
Qu'on se sature
Qu'à l'infini on s'enlace
Même si c'est torture
Qu'on se satisfasse
Assidus sous toutes les coutures
Nos cris de cristal pur
Diront la solution
L'exact endroit de la rupture
Le point précis de la fusion
Où se déforment nos structures
Qu'on se sature
Comme on se noie
Et puis qu'on voie
S'il existait une ouverture
Vers de sublimes aventures.