Trois prénoms qu'ils ont donnés à mon père,
Comme un clin d'il pour traverser le temps.
Trois prénoms pour trois garçons ordinaires
Pourtant tous morts avant d'avoir trente ans.
Que pensaient-ils en embrassant la mère,
Le matin où ils ont quitté leurs champs.
Il faut de l'or pour rester à l'arrière,
Ils vont au front, les fils de paysans.
Paul, Émile et Henri,
Non, la mort n'est jamais belle.
Paul, Émile et Henri
Verdun, la Somme ou bien Gallipoli.
Je ne suis pas doué pour chanter l'enfer,
C'est fait de boue, de vermine et de froid,
C'est fait de cris et de coups de tonnerre
Et de copains qui tombent autour de toi.
Ici, la mort ne fait pas de manières,
Elle en emporte cent à chaque fois,
Pauvres garçons mélangés à la terre,
Loin de chez eux, sans avoir su pourquoi.