Album: Fleurs De Névroses Et D'Ether
Eperdue mijaurée parmi les soies garance
Rescapée, dirait-on, du faste des régences
Des orgies succédant aux règnes tyranniques
Le sien n’en est pas moins cruel et excentrique
Curieuse mandragore éclose sur Paris
L’humus le plus généreux en neurasthénies
Elle pompe àprésent, en plante carnivore,
Le sang déjàsans vie d’amants àdemi morts
Trouble et troublante impératrice
Patronne et mère des sept vices
Elle est douce comme un cantique
Mais ses étreintes sont toxiques
Courtisane effroyable au sourire timide
Transformant les chairs vives en viande livide
Seule, elle accomplit l'œuvre de mille véroles
Et pourtant elle est vénérée comme une idole
Vénérée, vénéneuse, et vénale dit-on
Car pour l’effleurement de ses chers bandeaux blonds
Tout vieux nom du Faubourg hypothèque un hôtel
Heureux de se ruiner pour ruiner sa cervelle
Trouble et troublante souveraine
Elle boit àmême les veines
De l’imprudent qui s’est risqué
Dans sa fatale intimité
Le défiléde fiacres devant son portail
Fait penser àune série de funérailles
Car des cent élégants qui sonnent àsa porte
Ne reviennent que des formes molles et mortes
Quel est donc l’art subtil, luxure de géhenne
Dont use dans sa couche la morbide reine
Nul n’en parle jamais, chacun sait seulement
Oùil ira finir en délicieux tourments
Trouble et troublante créature
Jaillie des bouges de Suburre
Ou bien d’une cour en délire
Dans un palais du Bas-Empire
Trouble et troublante extrême-onction
Que celle de la consomption
Oùl'homme anémiése meurt
Tout en frissonnant de bonheur !