On commence par l'admirer
On voudrait lui ressembler
Et le premier mot qu'on dit
Et le premier pas qu'on fait
On le dit comme il le dit
On le fait comme il le fait
On le met dans nos dessins
On en parle à nos copains
On est son petit bonhomme
On est fier, et on s'étonne
Jusqu'à quinze ou seize années
De grandir à ses côtés
Lorsque l'on a du chagrin
Un carnet moins que moyen
Ou un bobo qui fait mal
On lui arrache son journal
Et on grimpe sur ses genoux
Se blottir joue contre joue
On le presse de nos questions
Qu'est-ce que c'est, pourquoi faut-il ?
Quelquefois il nous répond
Nom de Dieu laisse-moi tranquille
Mais souvent il fait semblant
D'être aussi un peu savant
Et puis survient le moment
Où l'on se croit devenu grand
On ne prend plus conseil
De celui qui fut modèle
Il commence à ennuyer
On veut s'en émanciper
Il est là un peu croulant
Plein de manies, peu d'argent
On le trouve plutôt bourgeois
Égoïste et rabat-joie
Il n'aime pas notre musique
On voudrait qu'il change de disque
On en a vraiment ras l'bol
On se tourne vers d'autres idoles
Les médiocres ou les géniales
Vers la drogue ou l'idéal
Et à tort ou à raison
On se tire de la maison
On revient tous les dimanches
Une manière de faire la manche
On dévore pour la semaine
C'est toujours la même rengaine
Celle que l'on chante à son vieux
L'mois prochain ça ira mieux
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