J'écoute Edith, sur un phono
Par hasard un disque en mono
La chanson est de Marguerite…
Qui n’a pas connu Gémini
Ni les Minets, ni les mini-
Jupes ou cerveaux qu’on nous débite
Je connais la chanson par cœur
Je ne vois pas pourquoi j’ai peur
Soudain d’apprendre quelque chose
De tragique et bête à la fois
Qui n’existait pas autrefois
Quand tu chantais «La vie en rose»
Cela ne dépend pas de moi
Tu chantes de la même voix
Que tu as gravée dans la cire
La chose est arrivée depuis
Chez les vivants qui t’ont conduite
Où l’on éclate plus de rire…
En quoi cet instant de salut
A deux refrains qui m’avaient plu
Peut-il jeter en moi ce trouble
Qui me laisse désemparé
Comme si j’avais comparé
Du Pommard avec du Chirouble…
Edith, les enfants n’ont de toi
Qu’une image tenue parfois
De myopes intermédiaires…
Et ils ne sauront jamais plus
Ce que c’est que d’avoir perdu
Sa lumière dans ta lumière…
Que de t’avoir donné la main
Ou le cœur un bout de chemin
Que d’avoir effleuré ton rêve…
Ils n’entendront que les échos
Déformés de tous les bancos
De ton existence trop brève…
On est libre étant cabotin
D’améliorer son picotin
Avec des revers de médaille…
Chacun s’arrange à sa façon
Souviens toi de Reims, de Soissons
Et du cirque à tes funérailles…
On force un peu plus simplement
On vend son papa sa maman
Avec plus ou moins d’aptitudes
On a du monde autour de soi
Ce n’est pas toujours avec joie
Que l’on manque de rectitude
Heureux sont ceux qui ont brillé
Edith, dans ton rêve éveillé
C’est une merveilleuse histoire
Lorsque l’on a rien qu’une fois
Eut le droit de poser le bras
Sur la soie de ta robe noire…
Tu n’as pas connu Gémini
Ni les minets ni le mini-
Jupes ou cerveaux qu’on nous débite
Mais tu chantes sur mon phono
Par hasard un disque en mono…
La chanson est de Marguerite

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