J’ai des relations mondaines,
J’ai des relations.
Je connais la baronne du Maine,
Son fils Absalon.
Je vais les voir chez eux une fois par semaine
Dans leur vieux salon
Oùtout un gratin se démène, se promène
En large et en long.
J’y côtoie des gens illustres,
Membres de l’Institut,
Rassemblés autour d’un lustre
Ils me disent «Tu»!
Dans leurs beaux atours,
On les voit de profil, de dos et de face,
Croquant des petits fours.
Vous connaissez tous Pilâtre,
L’acteur du Français.
Il m’a dit hier soir:
«Le théâtre,
Moi j’en ai assez.
Une affaire de poupées en plastique
M’appelle àPamiers.
A savoir cette nouvelle fantastique,
Vous êtes le premier!»
Grâce aux relations mondaines,
Grâce aux relations,
Je donne des lettres par centaines
De recommandation;
Ainsi, ma filleule du Finistère,
La petite Fanny,
Travaille àprésent au Ministère
Des Travaux Finis.
J’ai fait mon cousin Rodolphe
Placier de cinéma
Et mon oncle, Paul-Adolphe,
Huissier au Sénat.
Quant àmoi, je vis bien et m’en contente.
Tel est mon destin,
Dans ma chambrette, sous la soupente 11 rue Caumartin…
Là, les relations mondaines
Ne m’empêchent pas
De retrouver huit fois par semaine
La petite Ida
Qui ne demande rien àl'existence
Rien qu’un peu de bonheur.
Ça suffit pour que nos deux coeurs, je pense,
Ne forment qu’un coeur.
Loin des relations mondaines,
Loin des relations,
Nous allons au bord de la Seine
A la belle saison.
Quand arrive l’hiver et sa froidure,
Au lit nous restons
Et c’est bien ce qu’il y’a de meilleur, je vous le jure,
Dans mes relations…

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