Plus l’temps passe, plus c’est la merde quand je vois les décrets d’loi
Donc quand les élus m’tendent la main, ben j’leur fais des clés d’bras
Parano j’m'épuise, la parole est prise, ma daronne est triste
Pas besoin d’une main dans l’cul pour qu’j’ouvre la bouche comme un marionnettiste
Les jours s’accumulent, on y croit, on fait une croix blanche
Les soucis ça pullule, et c’est étroit d’finir entre trois planches
Un pote qui taffe chez Hitachi, un autre qui vit d’haschich
Il a sa carte Vitale, chic il paiera pas l’hôpital psy
J'évite d'être déféré donc j’vais pas t’faire les poches
Rester sage on préférerait mais la vie nous a pris des frères, des proches
On a une animosité d’chacal, l’hiver à la cité ça caille
Les Nike usées et la pilosité d’Chabal
J’ai jamais respecté votre hiérarchie
Moi j’suis qu’une vieille archive et j’fais des chansons tristes comme mon
allié Narcisse
Au paradis, pour rentrer j’vais baffer l’videur
J’lis mon avenir dans un café d’Lidl
On veut tous se faire un nom parmi les plus grands d’ce monde
Et pas rater son heure de gloire, même pour trente secondes
On fait la sourde oreille aux appels au secours
Et les sourires manquent à l’appel quand la peine nous secoue
En cas d'échec, on rejette la faute sur les autres
Toujours prêt à prendre du poids vu qu’on a la peau sur les os La vie est belle, non elle a beau être moche
Regarde les filles maigrissent, sniffent et se prennent pour Kate Moss
Pour certaines j'étais qu’un salaud, voir un bad type
Plein d’orgueil sur la feuille, j’espère percer sans la gueule de Brad Pitt
J’suis pas un saint vu qu’les anges n’ont plus d’auréoles
Car on n’croit plus aux joies que chante La Compagnie Créole
Je reste dans l’ombre, appelle-moi «Ben Becker»
Pense à demain, entre la haine et puis les peines de cœur
Et pour ma femme ben j’ai une gueule d’ange, oui
Je rappe et à la fin, ben je gueule dans le vide
Moi j’ai pas cessé d’vous l’dire
Beyoncé serait pas avec Jay-Z si il taffait au KFC d’Brooklyn
Arrêtez d’l’ouvrir ! T’es baraqué?
Moi j’respecte Dieu, et celle qui m’a allaité tout p’tit
Personne à qui s’fier, fait chier
J’dois les défier un par un, le tarin caché par un keffieh
L’esprit près du bif, j’sais plus
Le préjudice de mon vécu n’est pas remboursé par la Sécu, fils
Ils rappent la main sur l’cœur alors qu’ils mentent tous
Ils traînent devant Sky, j’emmène le p’tit à l’entraînement d’foot
Nos chances: elles étaient minces, calmez-vous
Ils m’ont dit: «Nakk, t’as ton destin entre tes mains mais t’as des moufles»
J’avais ni plan, ni tactique, qui t’a dit qu’j’dormais?
C’est pas mort, nan, j’m’en remets p’tit à p’tit
C’est la ruée vers la rue, à défaut d’roro
Les pauvres prolos vieillissent mal comme des fausses Jojos
J’ai tout fait pour réussir mais tout ceci n’est qu’un grand cirque
Prisonnier d’un sale destin, faut-il vraiment t’faire un dessin?
J’ai cru qu’c'était possible, mais quand le ciel te prend pour cible
Tu baisses les yeux et tu résistes, et tu t’accroches à tes récits
Mon pessimisme est un atout car le mal se cache partout
J’aurais voulu qu’elle soit fier de son fils et d’son parcours
Comme mes mots mes feuilles s’envolent, comme les mômes les hommes s’endorment
Et pourtant j’y crois encore: la rendre heureuse, la couvrir d’or
J’sais pas où j’vais mais je sais d’où j’viens
La vie m’accable, ce n’est pas grave, ça ira mieux demain
Si aujourd’hui faut pas qu'ça s’perpétue
Ce n’est pas peine perdue même si la haine perdure
Et hier n’est qu’un souvenir, demain sera une autre histoire
Fier d’un passé d’esclave mais à présent l’héros d’un soir