[Couplet 1]

J'me réveille quand la lumière comate
J'étais comme mort à l'aube, à danser sur l'même air comme un automate
On passe d'un jour à l'autre avec nos sourires jaune-pisse
On jette nos rêves à l'eau cherchant la bonne piste
Allô, ici l'zoo, l'Enfer où pour pleurer les hommes s'isolent
S'enferment, on est des gosses apeurés devant la mort sans camisole
J'plaide la folie, j'me sens comme un explosif sans l'amorce
Faut lire, entre les lignes, faut la mordre, la vie, pas l'effleurer
Loin d'la norme, on a grandi en s'croyant éternels
On n'a plus la morve, au nez, la rue est moins maternelle qu'avant
Les gars morflent, les soldats tombent, personne n'échappe à la règle
À la morgue, j'attends la prochaine étape
À l'arrêt, nos cœurs redémarrent quand un nom manque à l'appel
Et ça laisse des marques, on était potos avant l'rap, les labels
Tous ghettos, superstars auto-proclamées
La gueule dans l'étau, taulards auto-programmés
Même levés tôt, le monde appartient pas aux mecs comme nous
Un jour, la mort met l'VETO, la nuit apporte rarement d'bonnes news
C'est triste le son chiale, le piano m’oppresse, mec, le blues a son charme
T'es parti à l'âge du Christ, ou presque
Le sort s'acharne et j'me presse d'exister, rien d'plus logique
Avant qu'le destin casse les branches d'mon arbre généalogique
On dit qu'c'est les meilleurs qui partent, et ceux qui restent souffrent
On s'aime mais, surtout, on l'dit pas, les cœurs restent sourds

[Refrain] (x2)
Au jardin des ombres, où j'ai perdu ta trace
J'ai dû m'faire une raison, vivre avant d'céder ma place
Au jardin des ombres, des ombres, des ombres
Passe la bouteille que j'lâche une gorgée, sur l'bitume, le ciel crache

[Couplet 2]
Le temps qu'on brûle reviendra pas comme celui qu'on perd dans ces guerres muettes
On sert d'appât, c'est partout la même merde de la ZAC à La Muette
J'donne une gorgée au béton à ta mémoire
J'me suis forgé au gris des tombes, parfois, mon âme est noire
Sur tous les tons, j'suis dans la baignoire et j'parle à c'mec dans la glace
À s'mettre sous les chicots, y'a rien, la vie est fade, la garce
J'gratte c'qui m'torture au micro, j'ai dû laisser ma trace
Y'a pas d'place pour l'imposture, cinquante mille CD la passe
Pour tout c'qu'on n'a pas fait ici, tout c'qu'on n'a pas dit
Parfait : j'suis loin d'l'être ; au paradis, garde-moi une place, pour mes maux
J'ai plein d'lettres, frère, c'est dead, y'a plus d'couleurs dans la palette
Mec, mes mots glacent le sang
Piano branché, direct live, on s'passe de sample
Sur un billet mauve, j'écris c'message pour qu'il nous survive
Avant d'être vieux et morts, faudra qu'on vive
Faudra qu'on vire à droite, loin du pire
La vie a meilleur goût quand on vibre
On est des convives ici, écoute rien qu'des convicts
Dès qu'on vise le top, le sol nous rattrape
Je règle le solde, le sort ouvre la trappe, et c'est ton cercueil qu'on visse
Le même con d'vice, combien d'serpents à mon enterrement ?
Combien attendent qu'on glisse ? Moi, j'suis réel entièrement
Le fils devient père, et j'comprends l'mien un peu plus
Y'a pas d'daron parfait, qui peut l'plus peut l'moins
J'ai des souvenirs agrafés dans l'crâne, à demain
J'peux plus rien sans métronome, j'garde le tempo
Encaisser la défaite, c'est être un homme, ça s'impose
Repose en paix padre, on veille sur la daronne
Pendant qu'les vautours gardent un œil sur moi comme sur la charogne
J'ai des souvenirs dans un coin d'la tête, coffrée, ma chambre forte
On s'reverra peut-être, un jour, si j'passe la porte

[Refrain] (x2)

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