Tout nu, dans ma serviette, qui me servait de pagne
J’avais le rouge au front et le savon à la main
Suivant, suivant !
J’avais juste vingt ans et nous étions cent vingt
À être le suivant, de celui qu’on suivait
Suivant, suivant !
J’avais juste vingt ans et je me déniaisais
Au bordel ambulant, d’une armée en campagne
Suivant, suivant !
Moi, j’aurais bien aimé, un peu plus de tendresse
Ou alors un sourire ou bien avoir le temps
Le suivant !
Et là, ce ne fut pas Waterloo, non, ce ne fut pas Arcole
Ce fut l’heure où l’on regrette d’avoir manqué l'école
Suivant, suivant !
Mais je jure que d’entendre cet adjudant de mes fesses
C’est des coups à vous faire, des armées d’impuissants
Au suivant
Je jure sur la tête, de ma première vérole
Que cette voix, depuis, je l’entends, tout le temps
Au suivant, au suivant !
Cette voix qui sentait l’ail et le mauvais alcool
C’est la voix des nations et c’est la voix du sang
Au suivant, au suivant !
Et depuis, chaque femme, à l’heure de succomber
Entre mes bras trop maigres, semble me murmurer
Au suivant, au suivant
Tous les suivants du monde, devraient se donner la main
Voilà ce que la nuit je crie, dans mon délire
Au suivant, au suivant !
Et quand je ne délire pas, j’en arrive à me dire
Qu’il est plus humiliant d'être suivi que suivant
Au suivant, au suivant
Un jour je me ferai cul-de-jatte ou bonne sœur ou pendu
Enfin un de ces machins, où je ne serai jamais plus
Le suivant, non ! Je ne veux plus, non !
Le suivant !