Ils sont deux,
Comme les bords des rivières,
Ils sont deux.

Le temps, le feu,
Le vent, l'espace
Et l'eau qui passe
Au milieu d'eux
N'ont rien pu faire.
Séparez-les demain :
Ils se tiendraient par la main
A des années lumière.
Dans un coin de la terre,
La rivière emmurée
Entendait murmurer :
"Si je te perds...
Je te chercherai partout.
Ne reste pas loin de nous
Si tu t'en vas loin d'ici."

Ils sont deux
Et la foule est sauvage.
Ils sont deux
Pour un adieu,
Pour un voyage.
Un seul bagage
Au milieu d'eux.
Leurs mains se serrent,
Mélangées dessus, dessous
Comme le ciment des cailloux,
Comme le ciment des pierres
Et les garde-frontières,
Dans leurs cœurs de statues
N'auront pas entendu :
"Si je te perds...
Je te chercherai partout.
Le monde est fou
Et le cœur des femmes aussi."

Si je te perds,
La rue glacée s'en fout.
La mer oublie les cailloux
Qu'elle a jetés par terre.
Dans la ville engourdie,
Quatre mots, chaque hiver
Sur le mur de l'oubli :
"Si je te perds..."

Dans la ville engourdie,
Quatre mots, chaque hiver
Sur le mur de l'oubli :
"Si je te perds..."

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