J'aimerais avec toi, ma brune,
M'en aller flâner sur les quais,
Voir les grands paquebots qui fument,

Les trésors qu'ils ont débarqués.
Balader aux bras de ma reine,
Dans les vieux quartiers circuler,
Apprendre les chansons lointaines
Des marins et des exilés.

Et que le diable m'emporte
Voir si ma voix n'est pas morte,
J'aimerais pousser les portes
Du boui-boui de la rue Torte.

J'aimerais avec toi, ma douce,
Entendre les récits d'ailleurs,
Les langues qu'ici le vent pousse
Pour le pire ou pour le meilleur.
Serré contre toi, ma petite,
J'aimerais pour chasser l'hiver
Suivre les parfums qui t'invitent
De l'autre coté de la mer.
Et que le diable m'emporte
Voir si ma voix n'est pas morte,
J'aimerais pousser les portes
Du boui-boui de la rue Torte.

J'aimerais, belle délicate,
Aller m'asseoir sur les rochers,
Graver, sur une pierre plate,
Mon cœur à ton cœur attaché.
J'aimerais quand le soleil tombe,
Rêver encore que ma cité
Est restée la porte du monde,
Un concentré d'humanité.

Et que le diable m'emporte
Voir si ma voix n'est pas morte,
J'aimerais pousser les portes
Du boui-boui de la rue Torte.

J'aimerais avec toi, ma brune,
M'en aller flâner sur les quais...

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