Dix-huit heures le vingt-sept, jardin du Luxembourg
Vous lisiez la page cent de l'Ecume des jours
Assis sur le même banc, il lisait Maupassant
Quand je dis qu'il lisait, ses yeux faisaient semblant
Il apprenait par cœur le moindre de vos traits
Vos angles droits, vos courbes, vos pleins et vos déliés
Le ballet de vos cils et l'étrange sourire
Qu'un petit cri d'enfant faisait naître et s'enfuir

Peut-être l'avez-vous vu, tel un fou de Bassan
Plonger en plein milieu d'un vers de Maupassant
Et peut-être le rose qui affleurait vos joues
Venait-il de cet homme assis tout près de vous
Il vous a vue marquer la page où vous étiez
Vos yeux se sont croisés, vous vous êtes levée
S'il vous venait l'envie de répondre à l'annonce
Zéro six quarante huit vingt neuf soixante et onze

Répondez aux p'tits anges
Même s'ils vous semblent étranges
Répondez au hasard
Aux lucioles dans le noir
Laissez entrer l'amour
Par les sorties d'secours
Répondez Répondez
Répondez aux p'tits anges
Même s'ils vous semblent étranges
Ecoutez leurs appels
Le battement d'leurs ailes
Les petites avances
Et les coïncidences
Guettez ces roses aux joues
Dont les anges sont fous

Quelle que soit l'heure du jour le chagrin de la nuit
Le nom du méridien, le palace, le taudis
Quel que soit le décor, le temps qu'il fait dehors
Le crois'ment à Chât'let de deux escalators
La vie tisse au hasard des destins parallèles
Faut jeter des filins, fabriquer des pass'relles
Et répondre aux avances, aux gestes maladroits
A tous ces petits riens que la vie vous envoie

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