Album: Ma révolte
Les yeux de loup fi?vreux d'amour derri?re le masque,
Z'yeux de hibou fig?s au c?ur de la bourrasque,
Z'yeux noisettes en amandes d'une femme-?cureuil,
Tes grands yeux noirs, Lisette, quand tu portais mon deuil,
Les yeux dans Le bouillon pleurent des larmes domestiques,
Les yeux de pl?tre au front d'une statue antique,
Les yeux du ruminant qu'on abat et qui beugle,
Les yeux au bout des doigts des pianistes aveugles
Les yeux, monsieur, ?a roule, roule comme des billes
Le long des caniveaux de l'enfance en guenilles,
Les yeux, monsieur, quand ils vous tendent leur corolle
Il ne leur manque vraiment m?me pas la parole!
Les yeux brouill?s de vin, de chagrin, de caresses,
Les yeux du chien pendu tout au bout de sa laisse,
Z'yeux poch?s du boxeur qui vacille et qui tombe,
Les yeux fixes des morts clou?s dessous les tombes,
Les petits yeux-pi?cettes au fond des bas de laine,
Les yeux-minicassettes qui jazzeraient Verlaine,
Les yeux noirs d'un Russe blanc ?migr? en dix-sept
Et mes ?ils-de-perdrix cach?s sous mes chaussettes
Les yeux, monsieur, ?a tue, ?a viole, ?a d?shabille
Ca perce les cuirasses et les robes des filles,
Les yeux, monsieur, quand ils vous tendent leur corolle
Il ne leur manque, vraiment, m?me pas la parole!
Les yeux J?sus-Judas au hasard de vos bibles,
Les yeux-Casanova ou Ivan le Terrible,
Les yeux ?-la-Margot-qui-cr?ve ou qui s'allume
Les yeux si beaux-Garbo, au cinoche de ma plume,
Les yeux sont les acteurs, et quand ils se reposent
A la fin de la pi?ce quand arrive la pause,
Les yeux sont les acteurs et quand vient la "derni?re",
Il baissent le rideau, ils ferment les paupi?res
Les yeux, monsieur, quand ils s'enrayent, quand ils s'arr?tent
Ils restent l?, fix?s sur une autre plan?te,
Les yeux, monsieur, quand ils referment leur corolle
Alors l?, oui, vraiment, il leur manque la parole!